Vatnajökull
Lagune de Jökulsárlón à la tombée du jour
Aurore boréale du mercredi 1er mars 2023
Montée sur le Skafttafell
Oskar, notre guide local, à l'entrée d'un serpentin-labyrinthe creusé par l'eau dans un "moulin" du Breiðamerkurjökull
Le soleil perce sur le Breiðamerkurjökull
Rivière glaciaire sortant d'une grotte, Breiðamerkurjökull
Le baiser. Chute de Seljalandsfoss
Iceberg et poussière de lave, Heinabergsjökull
Ferme près de Kalfafellsstadur
Vik
Parois de grotte de glace, Breiðamerkurjökull
Montée sur le Skafttafell
Selfie sur les orgues basaltiques de Hálsanefshellir
Entrée d'une caverne de glace, Breiðamerkurjökull
Plage de Stokksnes par fort vent et grésil
Véhicule tout-terrain sur la route su Skálafellsjökull
Chevaux islandais près de Stokksnes
Plage de sable noir, Reynisfjara
Stokksnes
Aurore boréale du mercredi 1er mars 2023
Langue glaciaire du Skaftafellsjökull
Skaftafell, méandres du glacier
Lagune du Jökulsárlón, rive nord
Basalte, Hálsanefshellir
Breiðamerkurjökull
Hálsanefshellir
Svínafellsjökull
Reynisfjall
Breiðamerkurjökull
Skaftafell
Coulée de lave partiellement recouverte de lichen au bord de la route No 1
Lagune du Jökulsárlón, rive nord
Reynisfjall depuis la plage de Vik
Route No n1
Il y avait une sorte de défi ironique dans ce voyage : puisque les glaciers rétrécissent comme peau de chagrin, autant aller voir un des plus grands d'Europe…
Le Vatnajökull s'étend sur 8300 km², ce qui correspond à 85 % de la surface de la Suisse romande. Autant dire qu'on n'en fait pas le tour en un jour. L'aventurier solitaire Pierre-Alain Treyvaud en a pris neuf pour parcourir 70 kilomètres en 2013 – à skis, en tirant ses 80 kilos de matériel sur une pulka (luge) – interrompu notamment par une puissante tempête de neige. Il a commencé son parcours sur la langue glaciaire du Skálafellsjökull, que notre véhicule tout-terrain rejoint en cahotant sur le chemin de lave noire.
Je ne suis pas un aventurier. C'est donc en petit groupe, guidé par le géologue-vulcanologue Thierry Basset et Laurent Jegu, établi depuis dix-huit ans en Islande, que j'ai effleuré pendant une semaine le flanc sud du glacier. Le Vatnajökull rétrécit, comme ailleurs : ses multiples langues glaciaires ont reculé en quarante ans de plusieurs centaines de mètres, parfois de plusieurs kilomètres, son épaisseur a diminué par endroits de plus de cent mètres.
Pour qui le découvre la première fois, le spectacle reste à couper le souffle. La fonte même du glacier donne accès à ses entrailles, ces grottes où se déploient toutes les nuances de bleu – aigue-marine, azuré, fumé, tirant sur le mauve, le violet ou rappelant la couleur des sucettes « colle-aux-dents » de mon enfance. Les eaux d'écoulement zigzaguent en labyrinthes entre les parois de glace, on se glisse non sans un certain sentiment d'oppression entre ces murs qui peuvent atteindre dix mètres de haut.
Plutôt que de courir l'Islande en tous sens, nous avons passé cinq jours dans le même camp de base, à vrai dire une « guest house » tout-à-fait confortable où défilaient les groupes d'Asiatiques et de bruyants Américains qui, eux, n'y restaient qu'une nuit. Cela nous a permis, crampons aux pieds, de marcher vers des lagunes et où les touristes pressés ne vont pas, de traverser un lac encore gelé entre les icebergs, de fouler la mousse élastique des lichens.
En contrepoint des émotions esthétiques, les explications de Thierry Basset nous ont permis de nous synchroniser – un peu – avec le temps long de la géologie, où l'unité de mesure la plus petite est le millier, voire le million d'années. Cette amas de lave, refroidie depuis longtemps, où nous faisons halte: il se déplace (et nous avec lui) au rythme d'un centimètre par an, c'est-à-dire de 150 km depuis la faille où il a surgi du manteau terrestre, à une température de plusieurs milliers de degrés. La lecture des strates, des composants de la roche permet de faire d'étonnantes observations, comme l'inversion probable des champs magnétiques terrestres au fil du temps.
En Islande, où s'affrontent les vents polaires et les courants réchauffés par le Gulf Stream, la météo est extraordinairement capricieuse. Vous partez le matin sous un crachin froid, le soleil vous surprend à la sortie d'une grotte. C'est, bien entendu, un paradis pour le photographe, à condition de protéger un peu son équipement. J'aime aussi la lumière rase du nord (curieusement, les journées à fin février sont presque aussi longues qu'en Suisse) et ces atmosphères ouatées quand un ciel plombé se met de la partie.
Sans doute mes impressions n'ont-elles pas été aussi intenses que celles de Pierre-Alain Treyvaud qui, dans les tourmentes de l'effort, a parfois vu danser devant ses yeux… un verger de pommiers en fleurs. Je cite cet extrait de son livre (« Vagabond d'Islance », éditions Favre) : « Me découvrir par des expériences extrêmes ou au travers de la contemplation me comble à un degré que rien d'autre ne pourrait remplacer. (…) Hormis le fait que nous affrontons tous la solitude à des degrés différents au cours de notre existence, celle-ci peut être également un choix délibéré. Elle est une façon de se trouver en communion parfaite avec le milieu, de jouir sans interférence des spectacles offerts par la nature ou d'être disponible aux rencomntres. »
Pour ceux que l'expérience intéresse, voici le lien au site de Thierry Basset.
Islande, 26 février - 5 mars 2023. Leica M10, Summilux 35mm. f1.4, Elmarit 21mm. f2.8
© Jean-Claude Péclet 2023. Reproduction soumise à autorisation