Lulu Wite au Millers
Les visiteurs de ce site connaissent déjà Lulu Wite, qui a posé au Salon Bleu de La Chaux-de-Fonds, ou à la librairie-galerie L'Univers à Lausanne. Mais connaît-on vraiment Lulu, à la fois physicienne et poète, sensuelle et pudique, effeuilleuse burlesque et couturière appliquée...?
Lulu aime incarner des personnages, c'est sûr, endosser des rôles avec lesquels elle ne se confond pas. Ayant montré ses charmes au cabaret-spectacle zurichois Millers, elle a aimé la décoration du lieu, son mobilier rétro-hétéroclite qui évoque l'atmosphère d'un boudoir ou des maisons closes de jadis. Cela tombait bien: elle avait deux corsets à essayer et photographier. Deux corsets et un jupon brodé de sa fabrication, puisque c'est devenu une de ses spécialités. Pour en savoir plus, suivre son blog ou voir son site d'artiste burlesque.
Nous voici donc partis en voiture pour Zurich, Lulu avec ses créations et une perruque, moi avec un Leica M10, un Fuji X100V et deux flashes avec accessoires. L'équipe du cabaret entamant ses vacances d'été, le cabaret était à notre disposition pour tout l'après-midi!
Tandis que Lulu se préparait, j'ai vite compris que j'aurais un gros, gros problème avec mes deux flashes: s'ils modelènt avec précision la lumière dans un espace de quelques mètres carrés, ils ne pouvaient rendre l'ambiance d'un lieu profond aux moult recoins où règne une pénombre subtilement trouée de petits points lumineux. Évidemment..., les lieux de rencontres plus ou moins clandestins réclament le clair-obscur, j'aurais dû m'en douter. Un tel endroit demande de travailler avec cinq ou six sources de lumière au moins, et une bonne demi-journée d'essais pour régler l'éclairage! J'avais devant moi une demi-minute pour décider...
Un filet de sueur froide - qui n'avait rien à voir avec la température ambiante - s'insinuant le long de mes vertèbres, j'ai pris la décision de laisser les flashes de côté et de travailler en lumière ambiante, avec le Fuji X100V, objectif à pleine ouverture (f:2). Le 35mm f:1.4 Summilux Leica est plus lumineux d'un diaphragme, mais je ne voulais pas ajouter aux autres défis de la prise de vue celui d'une mise au point manuelle dans une pièce assez sombre! Mine de rien, même avec un semi-grand angle, le moindre décalage de mise au point ne pardonne pas.
Toutes les photographies de cette série ont donc été prises avec une sensibilité élevée, de 2000 à 3200 ISO. Elles ont été traitées avec Lightroom, dont j'ai apprécié la nouvelle fonctionnalité permettant de réduire le "bruit" des ISO poussés vers le haut. À cela s'ajoute le fait que le Fuji X100V ne gère pas trop mal cette difficulté. Les images qui en résultent, légèrement "lissées" ont un peu moins de détails, mais cela convenait assez bien à ce que nous cherchions: d'une part évoquer l'atmosphère ambiguë d'un lieu de plaisir - faite de désir, de confort bourgeois mais aussi d'attente et de lassitude - et d'autre part mettre en valeur les sous-vêtements confectionnés par Lulu Wite. La création de son prochain corset fera d'ailleurs l'objet d'un "making of", en cours.